dimanche 31 mars 2013

#Interview - What is Berlin for... Manon, de Génération Berlin.

Nous avons découvert le blog de Manon parce que quand vous venez d’arriver dans une ville froide et subtile (« difficile », sans l’euphémisme) comme Berlin, que vous ne connaissez pas grand monde (euphémisme n°2), que vous ne comprenez pas un mot de ce qui est dit, et qu’en bonne demoiselle in her twenties vous êtes hanté par quelques problèmes existentiels, et bien parfois, toute forte que vous êtes, il vous arrive de douter. De sérieusement douter. Alors dans ces moments pas vraiment agréables, vous prenez votre ordi, arrêtez la énième série avec laquelle vous êtes en train de vous abrutir (en vrai, vous ne pouvez plus la regarder parce que vous avez épuisé votre quota d'heures), et vous demandez à votre meilleur ami google de vous trouver un blog sur Berlin. Mais pas n’importe quel blog. Pas un blog fashion où une énième minette frustrée de ne pas être mannequin fait sa propre apologie. Pas un blog lifestyle non plus, manifeste où s’étalent toutes les soirées trop cooool auxquelles on a participé (parce que Berlin, qu’est-ce que c’est si ce n’est pas la fête… Vous voyez la vacuité du truc). Puis vous tombez sur Génération Berlin : vous riez, vous êtes émue, vous êtes surprise, vous êtes rassurée ; ç’a y’est, vous voulez sortir à nouveau de votre lit. Et donc Manon, rédactrice du dit blog, nous a fait l’honneur d’une interview. Ça donne ça.

Qui est Manon, en trois phrases :

Je suis une amie, une fille et une sœur de gens formidables ; je suis une Berlinoise d’adoption, une blogueuse curieuse, une fille qui fait des petits films, une fan de Nanni Moretti et de Kieslowski, une fille qui travaille pour la télé mais qui n’a pas de télé, une fille qui a toujours des collants troués et pas de permis de conduire.

Quand as-tu déménagé à Berlin ? Connaissais-tu la ville avant d’y emménager ?

En 2009. J’allais très souvent à Berlin depuis 2001. J’y vivais par intermittence.

Originellement, pourquoi as-tu choisi Berlin ?

Parce que c’est la ville qui m’a fait découvrir la liberté.

As-tu immédiatement décidé d’y rester sur le long terme, ou comme on dit « the city got under your skin » ? Qu’est ce qui t’a poussé à rester ?

En 2001, quand j’ai passé trois mois à Berlin pour mes études, j’avais 20 ans et j’avais le cœur arraché à l’idée de rentrer à Paris. Je n’ai jamais pu oublier cette ville et même s’il m’a fallu huit ans pour sauter le pas, je sais que j’ai trouvé mon port d’attache.

Berlin devient toujours plus « the place to be » : bonne ou mauvaise nouvelle ? Pourquoi ?

Mauvaise. Parce que « the place to be », ça veut dire Mickeyland. Tout s’aseptise. C’est VRAIMENT une mauvaise nouvelle. Je n’ai rien contre les touristes, mais j’ai tout contre la commercialisation de la liberté et de la créativité.

As-tu pu personnellement faire l’expérience de modifications (et leur conséquences) subies par la ville ces dernières années?

Je passe sur ce sujet, trop rebattu – la souffrance de ceux qui vivent ici et voient le Mur (un mémorial) abattu pour faire place aux hôtels à toutous Easyjetsetteurs mérite le respect. Trop de gens oublient que Berlin a une histoire douloureuse.

Beaucoup se plaignent de la difficulté de trouver un emploi à Berlin (passons sur la pratique du mini-job), qu’en penses-tu ? La recherche de travail a-t-elle été problématique pour toi ? Aurais-tu des conseils ?

Oui, c’est un enfer de trouver du travail ici. Mon conseil ? Apprenez l’allemand le plus tôt possible, et dites non aux salaires en dessous de 8 euros de l’heure sans sécurité sociale !

Difficile de choisir, mais que préfères-tu à Berlin ?

Mes amis. Ma vie. C’est ce que Berlin m’offre de plus précieux : une vie que je me suis choisie, une vie de bohème, même si celle-ci a un prix, celui de vivre plus pauvrement.

Le blog Génération Berlin



Peux-tu nous présenter ton blog : quand l’as-tu commencé ? Comment t’es venue l’idée ? Si tu devais le résumer en trois mots, ce seraient… 

Je n’aime pas résumer en trois mots... la vie est trop riche et trop complexe et moi, trop confuse et trop bavarde. J’ai commencé mon blog en 2011. A l’époque j’avais commencé un blog collectif en anglais appelé « Berlin is not for sale ». Malheureusement l’équipe s’est vite dissoute. Le photographe est parti à Shanghai, l’administratrice à Londres, etc. J’écoutais RFI tous les matins avant de partir au boulot (je travaillais de temps en temps dans une parfumerie de hipsters pour gagner ma vie). RFI organisait un concours de blogging francophone appelé Mondoblog. L’idée était de bloguer en français depuis sa ville. J’avais de toute façon envie de parler de mon expérience à Berlin depuis longtemps ; voilà comment « Génération Berlin » est né.

Contrairement à d’autres très centrés sur des points récurrents comme la mode ou le tourisme, ton blog aborde une panoplie très large de sujets, du plus sérieux au plus léger, en passant par le très personnel: était-ce un choix de base, ou le blog a juste évolué de cette façon ?

Mon blog est une sorte de journal intime pour les curieux de Berlin. C’est peut-être un peu narcissique, mais je crois qu’un blog doit être extrêmement personnel. Les blogs au ton « professionnel » ou racoleur sont terribles, je préfère lire Le Monde ou Gala dans ce cas. Je crois que mes lecteurs se sont attachés (et pour certains identifiés) à ce petit personnage de Manon, la Française de Berlin, qui s’est dessiné au fil des billets.

 Comment choisis-tu tes sujets ?

 J’écris au gré de mes humeurs. Parfois je rebondis sur l’actualité, ou sur ce qu’un lecteur m’a écrit dans un commentaire ou dans un mail, ou sur ce qu’un ami m’a raconté...

As-tu des « sujets d’études » favoris, et si oui, lesquels ?

Oui, les Berlinois, qu’ils soient du cru ou d’adoption. J’adore les observer, les « croquer ». J’adore les stéréotypes. J’aime le cliché et le kitsch et Berlin en est pleine !

Quels sont tes projets pour le blog (nouvelles rubriques…) ?

Mon projet ? Ecrire plus ! Je n’ai pas beaucoup de temps, la vie de free-lance est trépidante, en dépit de ce que la majorité des gens persistent à croire. Mais c’est mon seul projet : je veux continuer à improviser.

La série « questions inutiles » 
(mais la plus marrante !)

Ton quartier berlinois favori ? 
Tout le quartier autour du Landwehrkanal, au printemps, dans Kreuzberg.

Ton plat allemand préféré ? 
Les spätzle avec du speck.

Ton groupe allemand préféré ? 
Malaria (un groupe punk new wave des années 80)

Ton animal allemand préféré ? 
Fuzzy, le chat cinglé de mon ex-copain taré.

Ton nightclub préféré ? 
Ce que je préfère, ce sont les clubs de jazz qui dégénèrent en boîte sale après la jam session. Sinon j’aime bien le Wilde Renate, même avec les touristes gnangnans.

Un conseil pour apprendre l’allemand (tout en restant sain d’esprit) ? 
Quel est l’intérêt d’aller à Berlin si c’est pour rester sain d’esprit ? Boire et faire l’amour, ce sont les méthodes qui marchent à mon avis mais certes, ça ne répond pas à ta question.

Un conseil drague auprès du berlinois ?
Sois Française jusqu’au moment d’attaquer. Mets une jupe et des talons de Parisienne, ça leur fait bizarre - tant de féminité les déstabilise. Mais après, attaque au lieu de reculer, sinon le Berlinois n’ira pas te chercher et tu finiras seule avec ta bière.

Un conseil pour passer l’hiver ?
Travailler.

Y’en a pas marre de tous ces Vegans ??? (blague)
Moi, j’aime le tofu, surtout le soyeux

Ton expression ou mot allemands préférés ? 
« Eichhörnchen » (écureuil) et surtout « Streichhölzerschächtelchen » (« petite boîte d’allumettes »), vas-y essaie de les dire !
Sinon, j’aime bien les expressions démodées et un peu beaufs du style « Alles klärchen ! » et « Tchüssi ! ».

Lisez son blog, Génération Berlin, likez sa page sur  Facebook

1 commentaire: